• Fleur de farine et pommes douces,

    il va neiger,

    je pense aux arbres pleins de mousse

    au vieux berger.

    Graisse légère et sucre blanc,

    des étincelles

    sautent du feu rouge et tremblant

    comme lèvres de demoiselle.

    La neige va couvrir ce soir

    les fronts des hommes,

    on entend pleurer dans le noir

    la tarte aux pommes.

    Elle se dore au fond du four

    gonflé d'arômes.

    Je pense à l'hiver, au ciel lourd

    et je pense à la tarte aux pommes.

    La romance de la tarte aux pommes.

     

     

    Pierre Gamarra.

     


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  • Rêve pour l'hiver.

    (tableau de Van Gogh)

     

    L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose

    Avec des coussins bleus,

    Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose

    Dans chaque coin moelleux.

     

    Tu fermeras l’œil, pour ne point voir, par la glace,

    Grimacer les ombres des soirs,

    Ces monstruosités hargneuses, populace

    De démons noirs et de loups noirs.

     

    Puis tu te sentiras la joue égratignée...

    Un petit baiser, comme une folle araignée,

    Te courra par le cou...

     

    Et tu me diras : " Cherche ! " en inclinant la tête,

    Et nous prendrons du temps à trouver cette bête

    Qui voyage beaucoup...

     

    Arthur Rimbaud (1854-1891)


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  • Janvier nous prive de feuillage ;

    Février fait glisser nos pas ;

    Mars a des cheveux de nuage,

    Avril, des cheveux de lilas ;

     

    Mai permet les robes champêtres ;

    Juin ressuscite les rosiers ;

    Juillet met l'échelle aux fenêtres,

    Août, l'échelle aux cerisiers.

     

    Septembre qui divague un peu,

    Pour danser sur du raisin bleu

    S'amuse à retarder l'aurore ;

     

    Octobre a peur ; Novembre a froid ;

    Décembre éteint les fleurs ; et, moi,

    L'année entière je t'adore !

     

    Rosemonde Gérard.

    Calendrier.

     


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  • La frégte " La sérieuse" d'Alfred de Vigny (1797-1863)

     

    Qu'elle était belle, ma frégate,

    Lorsqu'elle voguait dans le vent !

    Elle avait, au soleil levant,

    Toutes les couleurs de l'agate;

    Ses voiles luisaient le matin

    Comme des ballons de satin;

    Sa quille mince, longue et plate,

    Portait deux bandes d'écarlate

    Sur vingt-quatre canons cachés;

    Ses mâts, en arrière penchés,

    Paraissaient à demi-couchés.

    Dix fois plus vive qu'un pirate,

    En cent jours du Havre à Surate

    Elle nous emporta souvent.

    -Qu'elle était belle, ma frégate,

    Lorsqu'elle voguait dans le vent !

     

    Alfred de Vigny (1797-1863)

     


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  • Qu'il est doux, qu'il est doux d'écouter des histoires,

             Des histoires du temps passé,

             Quand les branches d'arbres sont noires,

    Quand la neige est épaisse et charge un sol glacé !

    Quand seul dans un ciel pâle un peuplier s'élance,

    Quand sous le manteau blanc qui vient de le cacher

    L'immobile corbeau sur l'arbre se balance,

    Comme la girouette au bout du long clocher !

     

     

    Alfred de Vigny.


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