• En hiver, quand le vent de bise

    Hurle au loup dans la forêt grise,

    Et quand la Muse entre au logis,

                     Les doigts rougis,

     

    Heureux qui peut, sa porte close

    Au froid noir, au souci morose,

    Rêver son rêve le plus cher

                    Près d'un feu clair !

     

    S'il est vrai que le feu recèle

    Un esprit dans chaque étincelle,

    Flotte, Ô chimère, avec l'essor

                   Des mouches d'or !

     

    Joséphin Soulary

                    


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  • Chanson de grand-père.

     

    Dansez, les petites filles,

    Toutes en rond.

    En vous voyant si gentilles,

    Les bois riront.

     

    Dansez, les petites reines,

    Toutes en rond.

    Les amoureux sous les frênes,

    S'embrasseront.

     

    Dansez, les petites folles,

    Toutes en rond.

    Les bouquins dans les écoles,

    Bougonneront.

     

    Dansez les petites belles,

    Toutes en rond.

    Les oiseaux avec leurs ailes,

    Applaudiront.

     

    Dansez les petites fées,

    Toutes en rond.

    Dansez de bleuets coiffées,

    L'aurore au front.

     

    Dansez, les petites femmes,

    Toutes en rond.

    Les messieurs diront aux dames,

    Ce qu'ils voudront.

     

     

    Victor Hugo (1802-1885)


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  • J'ai une telle joie au cœur,

    elle me dénature tout.

    Fleur blanche, incarnat ou pâle,

    me semble froidure.

    Avec vent et pluie m'appelle l'aventure,

    et s'élève mon chant,

    et s'accroît mon mérite.

    J'ai tant d'amour au cœur,

    de joie et de douceur,

    que l'hiver m'est fleur,

    la neige, verdure.

     

    Bernard de Ventadour.


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  • Carnaval.

     

    Venise pour le bal s'habille,

    De paillettes tout étoilé,

    Scintille, fourmille et babille

    Le carnaval bariolé.

     

    Arlequin, nègre par son masque,

    Serpent par ses mille couleurs,

    Rosse d'une note fantasque

    Cassandre son souffre-douleur.

    Carnaval.

     

    Battant de l'aile avec sa manche

    Comme un pingouin sur un écueil,

    Le blanc Pierrot, par une blanche,

    Passe la tête et cligne l’œil.

    Carnaval.

    Le Docteur bolonais rabâche

    Avec la basse aux sons traînés ;

    Polichinelle qui se fâche,

    Se trouve une croche pour son nez.

    ...

     

    Théophile Gautier (1811-1872)

     


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  • Pendant les tristes jours de l'hiver monotone.

     

     

    Le soir, au coin du feu, j'ai pensé bien des fois

    A la mort d'un oiseau, quelque part dans les bois.

    Pendant les tristes jours de l'hiver monotone,

    Les pauvres nids déserts, les nids qu'on abandonne,

    Se balancent au vent sur un ciel gris de fer.

    Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l'hiver !

    Pourtant, lorsque viendra le temps des violettes,

    Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes

    Dans le gazon d'avril, où nous irons courir.

    Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?

     

     

    François Coppée.


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