• Des œufs dans la haie

    Fleurit l'aubépin

    Voici le retour

    Des marchands forains

     

    Et qu'un gai soleil

    Pailleté d'or fin

    Éveille les bois

    Du pays voisin !

     

    Est-ce le printemps

    qui cherche son nid

    Sur la haute branche

    Où niche la pie ?

     

    C'est mon cœur marqué

    Par d'anciennes pluies

    Et ce lent cortège

    D'aubes qui le suit.

     

    René Guy Cadou.


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  • Que vient-elle me dire.

    Que vient-elle me dire, aux plus tendres instants,

    En réponse aux soupirs d'une âme consumée,

    Que vient-elle, conter, ma folle Bien-Aimée,

    De charmes défleuris, de ravages du temps,

     

    De bandeaux de cheveux déjà moins éclatants ?

    Qu'a-t-elle à me montrer sur sa tête embaumée,

    Comme un peu de jasmin dans l'épaisse ramée,

    Quelques rares endroits pâlis dès le printemps ?

     

    Qu'a-t-elle ? dites-moi ! Fut-on jamais plus belle ?

    Le désir la revêt d'une flamme nouvelle,

    Sa taille est de quinze ans, ses yeux gagnent aux pleurs ;

     

    Et pour mieux couronner ma jeune Fiancée,

    Amour qui fait tout bien, docile à ma pensée,

    Mêle à ses noirs cheveux quelque neige de fleurs.

     

    SAINTE-BEUVE (1804-1869)

     


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  • Je suis le gracieux printemps

    Que ciel et terre considèrent,

    Et non pas sans mille raisons,

    Comme la reine des saisons.

    J'éclaircis le ciel et les airs

    Et je fourbis soleil et lune

    Qui, luisant bientôt comme argent,

    Portent le beau temps à la gent.

     

     

    Jean-Géraud d'Astros.


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  • Saison des semailles le soir.

     

    C'est le moment crépusculaire.

    J'admire, assis sous un portail,

    Ce reste de jour dont s'éclaire

    La dernière heure du travail.

     

    Dans les terres, de nuit baignées,

    Je contemple, ému, les haillons

    D'un vieillard qui jette à poignées

    La moisson future aux sillons.

     

    Sa haute silhouette noire

    Domine les profonds labours.

    On sent à quel point il doit croire

    A la fuite utile des jours.

     

    Il marche dans la plaine immense,

    Va et vient, lance la graine au loin,

    Rouvre sa main, et recommence,

    Et je médite, obscur témoin,

     

    Pendant que déployant ses voiles,

    L'ombre où se mêle une rumeur,

    Semble élargir jusqu'aux étoiles

    Le geste auguste du semeur.

     

    Victor Hugo (1802-1885


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  • L'Hiver.

     

    L'autre mois pourtant, je dois dire

    Que nous ne fûmes point reçus;

    L'église avait cessé de rire;

    Un brouillard sombre était dessus;

     

    Plus d'oiseaux, plus de scarabées;

    Et par des bourbiers, noirs fossés,

    Par toutes les feuilles tombées,

    Par tous les rameaux hérissés,

     

    Par l'eau qui détrempait l'argile,

    Nous trouvâmes barricadé

    Ce temple qu'eut aimé Virgile

    Et que n'eût point haï Vadé.

     

    On était au premier novembre,

    Un hibou, comme nous passions,

    Nous cria du fond de sa chambre:

    Fermé pour réparations.

     

    Victor Hugo (1802-1885)


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