• Soleil couchant.

     

    Les ajoncs éclatants, parure de granit,

    Dorent l'âpre sommet que le couchant allume ;

    Au loin, brillante encor par sa barre d'écume,

    La mer sans fin recommence où la terre finit.

     

    A mes pieds c'est la nuit, le silence. Le nid

    Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume ;

    Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,

    A la vaste rumeur de l'océan s'unit.

     

    Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes,

    Des landes, des ravins, montent des voix lointaines

    De pâtres attardés ramenant le bétail.

     

    L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre,

    Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,

    Ferme les branches d'or de son rouge éventail.

     

    José Maria de Heredia (1842-1905)


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  •  

    Que la montagne est belle...

    Que la montagne est belle à Puy Saint Vincent.

     


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  • Le thé.

     

    Miss Hellen, versez-moi le Thé

    Dans la belle tasse chinoise,

    Où des poissons d'or cherchent noise

    Au monstre rose épouvanté.

     

    J'aime la folle cruauté

    Des chimères qu'on apprivoise :

    Miss Hellen, versez-moi le Thé

    Dans la belle tasse chinoise.

     

    Là sous un ciel rouge irrité,

    Une dame fière et sournoise

    Montre en ses longs yeux de turquoise

    L'extase et la naïveté ;

    Miss Hellen, versez-moi le Thé.

     

    Théodore de Banville (1823-1891)


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  • Qui n'a pas vu les toits du Louvre,

    Quand , par les clairs matins, ils font,

    Sous le tendre azur qui les couvre,

    Un bloc d'un azur plus profond ?

     

                Alors l'aiguille d'or

                De la Sainte-Chapelle

                          Rappelle

                Clouant au sol Paris vermeil

                Un trait planté par le soleil

                           Qui vibre encor.

     

    D'un pont comme d'une avant-scène

    L’œil suit la courbe de la Seine,

    Au loin, dans un brouillard si bleu

    Que le travail grinçant des grues,

    Comme alentour les cris des rues,

                Tout semble un jeu...

     

     

     

    François Porché.


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  • On a dressé la table ronde

    Sous la fraîcheur du cerisier.

    Le miel fait les tartines blondes,

    Un peu de ciel pleut dans le thé.

     

    On oublie de chasser les guêpes

    Tant on a le cœur généreux.

    Les petits pains ont l'air de cèpes

    Égarés sur la nappe bleue.

     

    Dans l'or fondant des primevères,

    Le vent joue avec un chevreau ;

    Et le jour passe sous les saules,

     

    Grave et lent comme une fermière

    Qui porterait, sur son épaule,

    Sa cruche pleine de lumière.

     

     

    Maurice Carême.


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