• La pluie tape

    Dans une danse délicate et garnie de plumes

    Le long de l'Hudson.

     

    Le monde entier est bleu,

    Un bleu qui fond

    Le ciel et l'onde et le lointain rivage,

    Dans un ton calme.

     

    Un remorqueur, voguant lentement,

    Traîne une écharpe grise

    Parmi les lumières miroitées de l'eau.

     

    Mes pensées qui vous cherchent

    Ce soir

    Sommeillent dans la brume

    Grise et bleue,

    Myosotis.

     

    Brownell Carr.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Prends un brin d'herbe et froisse-le

    entre la pulpe de tes doigts

    et tu sentiras parfois une odeur amère

    et parfois celle du printemps

    c'est peut-être de l'anis c'est peut-être de la menthe

    c'est peut-être la plante

    qui fait rêver à tous les parfums de l'Arabie

    à la cannelle au gingembre à l'ilang-ilang

    au poil de l'âne qui fait hihan hihan

    à la roche rôtie à la pierre panée

    à la route rouillée à la boue piétinée

    à l'eau

    à rien

     

    Raymond Queneau.


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  • Dans le frais clair-obscur du soir charmant qui tombe,

    L'une pareille au cygne et l'autre à la colombe,

    Belles et toutes deux joyeuses, ô douceur !

    Voyez la grande sœur et la petite sœur

    Sont assises au seuil du jardin, et sur elles

    Un bouquet d’œillets blancs aux longues tiges frêles,

    Dans une urne de marbre agité par le vent,

    Se penche, et les regarde, immobile et vivant,

    Et frissonne dans l'ombre, et semble, au bord du vase,

    Un vol de papillons arrêté dans l'extase.

     

    Victor Hugo.


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  • Les amandiers en fleur annoncent le printemps

    Au noir figuier pensif qui ne veut pas les croire.

     

    Des adolescents jouent au ballon dans le champ.

    Le vieil homme sourit qui les entend crier,

    En pensant aux saisons qu'il ne reverra plus.

    Et son regret n'est qu'une tristesse douce ;

    Il dit "non". Il n'a pas envie qu'elles reviennent,

    Ni que revive un cœur encor mal apaisé.

     

    Le jeune pin croît avec le temps sur le ciel,

    Soumis aux desseins des sèves inexorables,

    Et son corps odorant est nourri de secret.

     

    Innocent, il ne peut faire qu'il ne s'érige

    Pour que s'épanouisse une enfance recluse,

    Qui grandit avec lui, mystérieuse épouse

    Longuement obsédée dans le silence vert.

     

     

     

    Les amandiers en fleur.

     

     

    Louis Brauquier.


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  • Déjà les beaux jours, la poussière,

    Un ciel d'azur et de lumière,

    Les murs enflammés, les longs soirs ;

    Et rien de vert ; à peine encore

    Un reflet rougeâtre décore

    Les grands arbres aux rameaux ,

    Ce beau temps me pèse et m'ennuie ;

    Ce n'est qu'après des jours de pluie

    Que doit surgir en un tableau,

    Le printemps verdissant et rose,

    Comme une nymphe fraîche éclose,

    Qui, souriante sort de l'eau.

    Avril .

     

    Gérard de Nerval


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