• Avril.

     

     Déjà les beaux jours, la poussière,

    Un ciel d'azur et de lumière,

    Les murs enflammés les longs soirs ;

    Et rien de vert : à peine encore

    Un reflet rougeâtre décore

    Les grands arbres aux rameaux noirs !

     

    Ce beau temps me pèse et m'ennuie.

    Ce n'est qu'après des jours de pluie

    Que doit surgir, en un tableau,

    Le printemps verdissant et rose,

    Comme une nymphe fraîche éclose,

    Qui, souriante, sort de l'eau.

     

    Gérard de Nerval (1808-1855)

     


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  • Le visage lavé par une eau glaciale que portait le vent ;

    Les yeux pleins de larmes,

    La poitrine pleine de froid,

    Je vis naître les îles tremblantes de blancheur,

    Posées sur une mer grise.

     

    Des caps S'avancèrent au loin

    Et, au milieu de l’archipel,

    Derrière une dernière brume transparente,

    Un voilier à l'ancre se balança dans l'aurore

    Comme s'il n'y avait jamais eu de nuit.

     

    Louis Brauquier.


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  • Regardez les branches, comme elles sont blanches.

    Regardez les branches,

    Comme elles sont blanches !

    Il neige des fleurs.

    Le soleil essuie

    Les saules en pleurs,

    Et le ciel reflète

    Dans la violette

    Ses pures couleurs.

     

    La mouche ouvre l'aile,

    Et la demoiselle

    Aux prunelles d'or,

    Au corset de guêpe

    Dépliant son crêpe,

    A repris l'essor.

    L'eau gaiement babille,

    Le goujon frétille,

    Un printemps encor !

    Regardez les branches, comme elles sont blanches.

     

     

    Théophile Gautier.

     

     


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  • Venise.

     

    Dans Venise la rouge,

    Pas un bateau qui bouge,

    Pas un pêcheur dans l'eau,

    Pas un falot.

     

    Seul, assis sur la grève,

    Le grand lion soulève,

    Sur l'horizon serein,

    Son pied d'airain.

     

    Autour de lui, par groupes,

    Pareils à des hérons

    Couchés en rond,

     

    Dorment sur l'eau qui fume,

    Et croisent dans la brume,

    En légers tourbillons,

    Leurs pavillons.

     

    ...

    Venise.  (extraits)

     

    Pour le bal qu'on prépare,

    Plus d'une qui se pare,

    Met devant son mirooir

    Le masque noir.

     

    Sur sa couche embaumée,

    La Vanina pâmée

    Presse encor son amant,

    En s'endormant ;

     

    Et Narcisa, la folle,

    Au fond de sa gondole,

    S'oublie en un festin

    Jusqu'au matin.

    ...

     

    Alfred de Musset (1810-1857)

     

     

     


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  • Sur la glycine en fleur, que la rosée humecte,

    Rouges, verts, bleus, jaunes, bistres, vermeils,

    Les milles insectes

    Bougent et butinent dans le soleil.

    Oh ! la merveille de leurs ailes qui brillent

    Et leurs corps fins comme une aiguille

    Et leurs pattes et leurs antennes

    Et leur toilette quotidienne

    Sur un brin d'herbe ou de roseau.

     

    Emile Verhaeren.


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