• Sensation.

    Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,

    Picoté par les blés, fouler l'herbe menue ;

    Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.

    Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

     

    Je ne parlerai pas, je ne penserai rien ;

    Mais l'amour infini me montera dans l'âme,

    Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,

    Par la nature, - heureux comme avec une femme.

     

    Arthur Rimbaud (1854-1891)

     

     


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  •  

    Le ciel est, par-dessus le toit,

    Si bleu, si calme !

    Un arbre, par-dessus le toit

    Berce sa palme.

     

    La cloche dans le ciel qu'on voit

    Doucement tinte,

    Un oiseau sur l'arbre qu'on voit

    Chante sa plainte.

     

    Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là

    Simple et tranquille.

    Cette paisible rumeur-là

    Vient de la ville.

     

    - Qu'as-tu fait, ô toi que voilà

    Pleurant sans cesse,

    Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,

    De ta jeunesse ? -

     

    Paul Verlaine (1844-1896)


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  • Chanson d'automne.

     

    Les sanglots longs

    Des violons

    De l'automne

    Bercent mon cœur

    D'une langueur

    Monotone.

     

    Tout suffocant

    Et blême, quand

    Sonne l'heure,

    Je me souviens

    Des jours anciens

    Et je pleure ;

     

    Et je m'en vais

    Au vent mauvais

    Qui m'emporte

    Deçà, delà,

    Pareil à la

    Feuille morte.

     

    Paul Verlaine (1844-1896)

     


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  •  

    La lune blanche...

     

    La lune blanche

    Luit dans les bois ;

    De chaque branche

    Part une voix

    Sous la ramée...

     

    Ô bien-aimée.

     

    L'étang reflète,

    Profond miroir,

    La silhouette

    Du saule noir

    Où le vent pleure...

     

    Rêvons, c'est l'heure,

     

    Un vaste et tendre

    Apaisement

    Semble descendre

    Du firmament

    Que l'astre irise...

     

    C'est l'heure exquise.

     

    Paul Verlaine (1844-1896)

     


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  • La cigale.

     

    L'air est si chaud que la cigale,

    La pauvre cigale frugale

    Qui se régale de chansons,

    Ne fait plus entendre les sons

    De sa chansonnette inégale ;

    Et, rêvant qu'elle agite encor

    Ses petits tambourins de fée,

    Sur l'écorce des pins, chauffée,

    Ou pleure une résine d'or,

    Ivre de soleil elle dort.

     

    Paul Arène (1843-1896)


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