• Je fis un feu,l'azur m'ayant abandonné,

    Un feu pour être son ami,

    Un feu pour m'introduire dans la nuit d'hiver,

    Un feu pour vivre mieux.

     

    Je lui donnai ce que le jour m'avait donné:

    Les forêts, les buissons, les champs de blé, les vignes,

    Les nids et les oiseaux, les maisons et leurs clés,

    Les insectes, les fleurs, les fourrures, les fêtes.

     

    Je vécus au seul bruit des flammes crépitantes,

    Au seul parfum de leur chaleur ;

    J'étais comme un bateau coulant dans l'eau fermée,

    Comme un mort je n'avais qu'un unique élément.

     

    Paul Eluard (1895-1952)

     feu brûlant dans la cheminée avec du carburant en bois (bois de chauffage) - feu de bois photos et images de collection

     


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  • Elle est debout sur mes paupières

    Et ses cheveux sont dans les miens,

    Elle a la forme de mes mains,

    Elle a la couleur de mes yeux,

    Elle s'engloutit dans mon ombre

    Comme une pierre sur le ciel.

     

    Elle a toujours les yeux ouverts

    Et ne me laisse pas dormir,

    Ses rêves en pleine lumière

    Font s'évaporer les soleils,

    Me font rire, pleurer et rire,

    Parler sans avoir rien à dire.

     

    Paul Eluard (1895-1952)

    coeur de fixation de main contre les lumières dorées étincelantes de bokeh. - amour photos et images de collection

     

     


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  • Que voulez-vous la porte était gardée

    Que voulez-vous nous étions enfermés

    Que voulez-vus la rue était barrée

    Que voulez-vous la ville était matée

     

    Que voulez-vous elle était affamée

    Que voulez-vous nous étions désarmés

    Que voulez-vous la nuit était tombée

    Que voulez-vous nous nous sommes aimés

     

    Paul Eluard (1895-1952)

    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4a/Couvre_feu-1870-patrouille.jpg
     


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  • Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

    Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.

    J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.

    Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

     

    Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,

    Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,

    Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,

    Triste, et le jour pour moi  sera comme la nuit.

     

    Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,

    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,

    Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe

    Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

     

    Victor Hugo (1802-1885)

     


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  • J'ai tellement rêvé de toi,

    J'ai tellement marché, tellement parlé,

    Tellement aimé ton ombre,

    Qu'il ne me reste plus rien de toi.

    Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres.

    D'être cent fois plus ombre que l'ombre,

    D'être l'ombre qui viendra et reviendra

    Dans ta vie ensoleillée.

     

    Robert Desnos (1900-1945)

     

     Jeune Fille, Odeur, Fleurs


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